Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1905, Tome 5.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


depuis six mois, à monter à cheval, « pour raison d’hygiène et aussi en prévision d’une tentative d’action[1] » ; Baillière s’y exerça à son exemple[2].

Tout cela aussitôt connu de la police.

Comme en février, le difficile, c’était de trouver un chef militaire qui s’engageât ; Marchand et Négrier se dérobaient, corrects ou expectants[3]. Déroulède en vint apparemment à se persuader que le général se trouverait après ; une fois porté à l’Élysée par le peuple, installé dans la place, il n’aura que l’embarras du choix.

Pour Mercier, rien ne prouve qu’il l’eût mis dans son complot ; mais c’était la déposition du principal accusateur de Dreyfus qui serait le signal de son entrée en scène, à moins d’attendre le jour du verdict, après quoi la partie ne serait plus jouable[4]. Déroulède se prépara aux deux éventualités. D’une part, dans chacun de ses discours, par l’appel, le plus horriblement éloquent, aux juges de Rennes : « S’il est démontré, par preuve précise, directe, authentique, que Dreyfus est innocent, si ce forfait de lèse-humanité était établi, il n’y aurait pas alors d’honneurs assez grands pour le

  1. Galli, Déroulède, 123.
  2. Haute Cour, I, 33, rapport Hennion.
  3. Ibid., 31 : « Le 14 juillet, à 6 heures du matin, Barillier est allé trouvé le commandant Marchand chez lui de la part de Déroulède. Il l’a embrassé au nom du président de la Ligue des Patriotes. Il paraît que le commandant aurait répondu : « Dites à Déroulède que je l’aime et que je suis avec lui. » — 28 juillet : « Galli est allé porter au général de Négrier une lettre de Déroulède. Bonnamour, pour la Patrie Française, avait, de son côté, porté au général une lettre de Coppée et de Lemaître. »
  4. Ibid., II, 33 : « Déroulède profitera, très probablement, soit du jour où le général Mercier déposera, soit du jour où le verdict sera rendu dans l’affaire Dreyfus. » (Rapport du 6 août. — Voir p. 308.)