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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


c’est un maître, un seigneur, un gros seigneur, qu’il était à la source[1] ! »

Les journaux revisionnistes traitèrent la ruade de « stupide ».

Pourtant, le véritable auteur du bordereau n’est pas, en effet, un espion du dernier ordre et « il a été à la source », au moins par Henry. Mais, stupide ou non, et certainement perfide, la riposte atteint Dreyfus[2] derrière Labori et tout le terrain gagné par Hartmann, concédé par Deloye, est à nouveau perdu.

XV

Au dehors, dans l’août brûlant de cette dernière année du siècle, le deuxième été sans la détente d’esprit qui est le vrai repos des vacances, les passions ne montraient encore aucun signe de lassitude.

En fait, les plus vigoureux, les plus enragés, étaient

  1. Rennes, III, 237, Labori : « M. le général Deloye n’a-t-il pas reconnu, dans sa note à la Cour de cassation, que tout ce qu’on disait sur le mot formation du bordereau ne pouvait être que des hypothèses ? — Deloye : Je n’ai pas dit cela. J’ai dit que, pour répondre d’une manière certaine, il faudrait avoir la note elle-même. — Labori : À la bonne heure ! très bien mon général ! — Deloye : Je dis seulement que les impossibilités qu’on allègue n’existent pas. — Labori : M. le général Deloye n’a-t-il pas reconnu que, le plus souvent, les espions communiquent à l’étranger des choses sans importance ? — Deloye : J’ai dit que l’on pouvait classer les espions en trois catégories… etc. — » Labori : M. le général Deloye ne reconnaît-il pas alors que, lorsqu’il s’agit d’un fait d’espionnage, si l’espion reste dans le vague, c’est un raisonnement arbitraire que de partir de ce point de départ que le document est nécessairement important. — Deloye : Oh ! n’insistez pas… etc. »
  2. Cass., IV 137, Baudouin.