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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


servation, et il n’y avait rien à lui objecter. Impossible de lui répondre que la France et l’armée sont encore trop malades pour dégager elles-mêmes la vérité.

Monis, sur les instances de Trarieux, se laissa aller à faire arrêter, en vertu de la loi sur l’espionnage, le journaliste Lissajoux, que Picquart désignait comme l’auteur du fameux article de l’Éclair, de septembre 1896, sur Dreyfus[1], et à faire perquisitionner chez le directeur et le secrétaire du journal[2]. L’inculpation était juridique, mais excessive, et l’instruction, tardive, molle, ne donna rien.

XXI

Il nous faut maintenant revenir en arrière et repasser dans l’autre camp. Il y avait longtemps qu’on y craignait que les fameuses notes sortiraient à la dernière heure, que les Allemands finiraient par parler. On n’y fut, à aucun moment, aussi sûr de la victoire qu’on feignit de l’être.

Depuis cinq ans, chaque fois qu’une inquiétude plus vive reprenait, aussitôt le faux témoin ou le faux papier surgissaient, le besoin créait l’organe. Ni Boisdeffre ni Gonse n’avaient commandé à Henry la lettre de Panizzardi avec le nom de Dreyfus ; mais ils l’attendaient.

Au point où en était l’Affaire, c’était certain qu’un

  1. Voir t. II, 348, 358 et 375.
  2. Sabatier et Montorgueil (28-31 août 1899). — Lissajoux fut relâché le 9 septembre. — Trarieux avait signalé que la prescription du délit d’espionnage serait acquise le 15 septembre.