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discipline judiciaire l’oblige à s’incliner sans restriction devant l’arrêt ». — D’autre part, « c’est enfantin » de supposer que Schwarzkoppen, « qui n’est pas un naïf, mais un homme de grande valeur », se serait documenté chez Esterhazy, « individu un peu brouillon, ambitieux certainement, ayant des états de service brillants, brillant officier, paraît-il, d’ailleurs, mais brillant officier comme officier de corps de troupes ». Au contraire, « Dreyfus est à la source où l’on peut puiser et il y puise ; celui-là seul peut fournir un document qui peut l’avoir sous la main, là où il est ; ce ne sont pas des documents de commerce, cela » ; « un parfait honnête homme (Valcarlos), officier de la Légion d’honneur et bienveillant ami de la France, a averti Guénée : « Officiers, pas subalternes… » ; et, dès lors, tout ce qu’on pourrait concéder, c’est « qu’Esterhazy ait servi d’intermédiaire à Dreyfus », mais il n’y en a pas de preuve. « On a instruit son affaire en 1897 ; cela ne tenait pas debout. On a fouillé dans sa vie privée pour y chercher l’argent qui venait de la trahison ; s’il avait vendu des documents, il devait y avoir de l’argent : Esterhazy n’avait pas le sou… Chacun peut avoir son idée à part soi sur le petit bleu, mais on n’a pas le droit d’en tirer des déductions ; on serait en contradiction avec d’autres déductions qui seraient tout aussi justifiées : donc n’en parlons plus… » — En second lieu, Carrière a été frappé de ce que Dreyfus, à l’île du Diable, quand il écrivait à sa femme « des lettres qui ne portaient sur rien de spécial », commençait par en faire des brouillons :

Cherchant l’explication de cette bizarrerie, je me suis dit : « Il y a peut-être là un secret de cryptographie », et j’ai provoqué un examen cryptographique. Il n’avait rien. L’examen cryptographique n’a absolument rien


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