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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


(que Tornielli avait remises lui-même à Delcassé) ; la copie de la dépêche du 2, — la pièce même qui avait été transmise, à cette date, par l’Administration des Postes au ministère des Affaires Étrangères ; — la première ébauche cryptographique qui, tout erronée qu’elle fût, était cependant favorable à Dreyfus[1] ; les deux versions subséquentes, l’une exacte à trois mots près, l’autre d’une exactitude absolue ; la seconde dépêche de Panizzardi qui avait aidé au déchiffrement définitif ; et les pièces relatives à la contre-épreuve de Sandherr. Paléologue vida tout ce dossier devant la Cour, commenta chaque document, puis déclara, « par ordre », qu’aucune erreur de mémoire ne pouvait, dès lors, justifier la traduction de Cuignet : « La pièce du dossier de la guerre, dit-il, n’est pas seulement erronée, mais fausse[2]. »

Grosse déconvenue pour Freycinet que cette offensive de Delcassé. Cette audace (de produire officiellement un tel dossier), il n’en aurait jamais été capable quand il était lui-même au quai d’Orsay, et il n’en revenait pas que son successeur l’eût commise. De plus, il se trouvait personnellement offensé que leur différend eût été porté devant la Cour, et, comme Chamoin et Cuignet lui rapportaient que non seulement la lettre de Delcassé du 27 février, mais les deux autres, du 9 et du 12, où il était pris en flagrant délit d’équivoque[3], avaient été produites, il chercha un dérivatif dans cet incident. Il demanda donc à Delcassé si cette lecture avait été faite par son ordre et si copie de ces pièces avait été laissée à la Cour[4]. Delcassé lui ayant répondu[5]

  1. Rennes, I, 56, 60, Paléologue ; 52 et 56, Delaroche-Vernet.
  2. Cass., III, 508 et 511, Paléologue.
  3. Voir t. IV, p. 530.
  4. Lettre du 17 avril 1899.
  5. Même date.