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L’AMNISTIE


ouvrent une souscription pour afficher dans toutes les communes la lettre de démission de Jamont ; Jamont s’y oppose ; on affiche tout de même.

Waldeck-Rousseau dit très justement au Sénat que c’était la campagne, commencée depuis deux ans, pour créer « un parti militariste », qui continuait ; mais il ne se demanda pas si le procès de Mercier devant la Haute-Cour n’aurait pas été le plus efficace des avertissements, comme l’avait été autrefois celui de Boulanger.

Entre temps, les diffamateurs avaient reçu une leçon. Bien que Lepelletier en eût réclamé l’ajournement, le tribunal correctionnel avait retenu nos procès, celui de Picquart et le mien[1] ; Labori plaida pour nous ; le substitut Rambaud conclut en notre faveur. Nous eûmes gain de cause, Picquart obtenant cent mille francs de dommages-intérêts et moi un franc et cent insertions[2].

Lasies, non sans raison, demanda à interpeller sur les motifs qui faisaient opposer l’amnistie en cours de vote à certains procès, alors qu’on ne l’objectait pas à d’autres qui se rattachaient également à l’Affaire ; mais il s’exprima avec une telle violence que Deschanel, après l’avoir rappelé deux fois à l’ordre, lui fit retirer la parole par la Chambre pour le reste de la séance. Alors Lasies refusa de descendre de la tribune, le président se couvrit, les députés se gourmèrent dans l’hémicycle[3].

    question de Jourde, transformée en interpellation à la demande de Krantz, à la Chambre ; 5 juillet, interpellation de Franck-Chauveau et Milliard, au Sénat.

  1. Voir p. 84.
  2. 11 et 18 juin 1900.
  3. 6 juillet.