fortes ni, parfois, plus cruelles ; par quelle singulière contradiction tient-il à renvoyer Dreyfus devant un tribunal de soldats ?
« Comme il n’est point jurisconsulte », il n’en donne point des raisons de droit, les seules qui puissent compter, mais des raisons d’artiste, d’un « néronien » qui demande d’abord à la politique des sujets d’articles. Il poursuit une expérience, « une leçon de choses » : « les juges du conseil de guerre jugeront beaucoup moins sur Dreyfus que sur eux-mêmes ». Surtout, il veut « revoir en plein jour Mercier et toute la bande », « les barbouiller de leurs faux ». Déjà, le thème qu’il a choisi prête à de belles variations : « Attendre la victoire de l’armée sur elle-même… Des soldats ont erré ; à des soldats de réparer l’erreur d’autres soldats. »
Nul souci de fournir des armes à l’adversaire. La cassation sans renvoi, l’arrêt souverain, en fait et en droit, de la plus haute juridiction et de la plus réputée pour ses scrupules, il l’appelle « un étonnement judiciaire », « le huis clos de la justice civile », « le dessaisissement des juges naturels de l’accusé ». Et nul souci de l’homme qui, déjà, une première fois, a accepté « la grâce du déshonneur » et que, sans doute, « on ne renverra pas à l’île du Diable[1] ».
Les nationalistes attribuèrent l’inspiration de ces articles à Picquart. Clemenceau s’en défendit, mais convint qu’ils étaient d’accord[2].
Ni l’intermittente confiance de Picquart dans les conseils de guerre[3], ni le succès de Clemenceau chez les amis de Mercier n’étaient de nature à ébranler