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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


l’année d’après, pour espionnage[1], fut également interrogé. Il déclara n’avoir rien su de l’affaire Dreyfus que par les journaux, n’avoir tenu aucun des propos que Cernuski aurait recueillis de lui par l’intermédiaire du Serbe Adamovitch. Du nom d’Adamovitch, il n’a connu qu’un officier de cavalerie qu’il avait perdu de vue depuis trois ans[2].

Cernuski, après diverses aventures, s’était réfugié à Londres, d’où il se garda, bien que couvert par l’amnistie, de répondre à la citation de la Cour. Cependant, soit que son faux témoignage lui pesât, soit que, s’étant adressé à ses inspirateurs d’autrefois, il n’eût pas reçu d’eux le paiement de son silence, il finit par écrire à Atthalin une lettre de rétractation[3]. Il avait déclaré à Rennes, à l’audience, à huis clos, qu’après avoir regardé attentivement Dreyfus, il devait convenir que ce n’était point lui qu’il avait vu à Genève, en 1894, en conversation avec l’officier allemand de Schœnebeck, ainsi qu’il avait dit précédemment[4]. Il affirmait maintenant avoir dit au conseil de guerre que, « par conséquent, toutes les parties de sa déposition, ayant rapport à l’officier étranger (qui lui aurait dénoncé le juif) ne concernaient en rien l’accusé Dreyfus et devaient être considérées comme nulles et non avenues ». Il n’avait rien dit de tel, avait, au contraire, maintenu sa déclaration, sauf sur l’incident de Genève[5], mais il l’écrivait

  1. 11 juin 1900.
  2. 14 avril 1904, devant le tribunal de Vienne. (Enquête Atthalin.) — Voir t. V, 487.
  3. Londres, 24 octobre 1904. (Enquête Atthalin.)
  4. Voir t. V, 488.
  5. Rennes, III, 552, Labori : « Il a déclaré qu’il s’était trompé sur la personnalité de Dreyfus. — Jouaust : Sur un point ? — Labori : Oui, sur un point ; sur le reste, il a maintenu sa déclaration. » — Revision, II, 375, Mornard.