Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
383
LA REVISION


quand ils convinrent de leur commune version : « L’on ne peut pas admettre que je n’aurais eu aucun souvenir d’un acte criminel… Si j’avais réellement payé le témoignage de Cernuski, j’aurais répondu avec aplomb : « Parfaitement, nous avons payé 25.000 ou 30.000 francs, en août 1899, les documents d’Austerlitz. » L’argument porta beaucoup, parut un coup droit ; pourtant le général Bertin, président du conseil de guerre, observa que la réponse « serait topique », si l’accusation était que François, Mareschal et Rollin avaient détourné toute la somme pour payer Cernuski, mais « qu’elle perdait de sa valeur si, au lieu de s’appliquer à une dépense totale, la somme s’appliquait à une succession de dépenses[1] » Seulement, il n’y avait plus d’accusation : Rabier ajournait à son réquisitoire la production de ses preuves ; — Targe défendit surtout son rôle dans l’enquête qui avait amené les poursuites, raconta, par une habile diversion, comment Henry avait organisé non seulement « une masse noire », mais une agence de renseignements sur les hommes politiques, « un service de fiches » et de dossiers[2] ; — si Cavard restait persuadé que « l’arrestation de Wessel à Nice avait été une machination du service des Renseignements contre le gouvernement[3], Tomps n’avait aucune preuve qui permît d’établir que le faux témoignage de Cernuski eût été payé[4] ; — lecture ayant été donnée des dépositions des deux généraux à l’instruction, ils les confirmèrent par leurs réponses aux questions qui leur furent posées ; pourtant, Delanne, à la réflexion, tenait comme possible que l’achat des documents d’Austerlitz eût été directement réglé entre

  1. Procès Dautriche, 198 et 199.
  2. Ibid., 284, Targe — Voir p. 93.
  3. Ibid., 509, Cavard.
  4. Ibid., 563, Tomps.