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APPENDICE


du « buvard », saisie à son domicile le 15 octobre 1895, émanée de son frère Mathieu Dreyfus, et présentant une encoche qui serait, selon le lieutenant-colonel du Paty de Clam, « mathématiquement superposable » à une encoche du bordereau lui-même ;

Attendu que Bertillon a édifié son système, non d’après l’original du bordereau, mais d’après un document artificiel, le bordereau reconstitué par lui ;

Que c’est cette reconstitution qui a servi de base à l’argumentation du capitaine Valério parlant dans le même sens devant le conseil de guerre de Rennes, et à celle d’un autre officier, le commandant Corps, qui, dans un travail publié plus tard, a proposé un autre système, en désacord du reste avec celui de Bertillon ;

Attendu que, par ordonnance du 18 avril 1904, le président de la Chambre criminelle a commis les membres de l’Institut Darboux, secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, Appell, doyen de la Faculté des sciences de Paris, et Poincaré, professeur à la même Faculté, pour examiner, en provoquant toutes précisions et explications de la part de leurs auteurs, les études graphologiques de Bertillon, Valério et Corps, ainsi qu’une brochure, dénommée « la brochure verte », dont l’auteur, se disant ancien élève de l’École polytechnique, ne s’est pas fait connaître et n’a pu être retrouvé ;

Attendu que les trois experts ont dressé, à l’unanimité, un rapport, dans lequel ils établissent que la reconstitution du bordereau, effectuée par Bertillon, est fausse, que « ces planches sont le résultat d’un traitement compliqué, infligé au document primitif, et d’où celui-ci est sorti altéré, après avoir subi une série d’agrandissements et de réductions photographiques, et même de calquages, recalquages, découpages, collages, gouachages, badigeonnages et retouches » ;

Que le rapport aboutit aux conclusions suivantes : « Tous ces systèmes sont absolument dépourvus de toute valeur scientifique : 1° parce que l’application du calcul des pro-