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APPENDICE


bution de l’artillerie lourde aux armées, Dreyfus étant alors incarcéré depuis plus d’une année, et que, d’après la pièce 26, l’agent B… écrivait, le 28 mars 1895, à l’agent A… « qu’il aurait l’organisation des chemins de fer » ;

Attendu que cette organisation, préparée dans le 4e bureau, dont Dreyfus avait fait partie, ne fut certainement pas livrée par lui, puisque, cinq mois après son incarcération, elle n’était pas encore en la possession de l’agent B…, qu’une personne autre que lui la promettait donc en mars 1895 ; et qu’aucun autre officier du 4e bureau n’étant soupçonné, l’on est bien forcé d’admettre que le traître n’appartenait pas à l’État-major général de l’armée ; d’où il suit que les notes, dont le bordereau annonçait l’envoi et dont la teneur reste ignorée, pouvaient également n’être pas l’œuvre d’un officier d’artillerie stagiaire à l’état-major, comme on le prétendait ;

Attendu que le doute sur ce point ne saurait subsister, en présence de la nouvelle enquête de la chambre criminelle ;

Que l’examen du dossier de Greiner, condamné le 6 septembre 1892 à vingt ans de travaux forcés pour espionnage et vol qualifié, a permis de constater que cet employé civil du ministère de la Marine avait livré des documents parmi lesquels figuraient deux rapports de la commission d’expérience de Calais sur le canon de 120 court ;

Et qu’une commission, composée de quatre généraux, désignés par le ministre de la Guerre le 5 mai 1904, — le général de division Balaman, du cadre de réserve, ancien président du comité technique de l’artillerie, — le général de division Willien, inspecteur permanent des fabrications de l’artillerie, — le général de brigade Brun, commandant l’École supérieure de guerre, — le général de brigade Séard, du cadre de réserve, ancien directeur de l’École de pyrotechnie, — a rédigé un rapport dans lequel, à l’unanimité, ils déclarent :

1° Qu’un officier d’artillerie, commettant un acte de tra-

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