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APPENDICE


générale, il aurait fourni un renseignement d’une importance telle qu’il n’eut pas un seul instant senti le besoin de corser son envoi, de battre les buissons pour réunir un assemblage disparate de documents quelconques, comme Ta fait l’auteur du bordereau, visiblement de remplacer la qualité par la quantité » ; qu’au contraire, en s’exprimant comme il l’a fait, il a dû avoir simplement en vue le projet de revision du règlement sur les manœuvres de batteries attelées, dans lequel le mot « formation » constituait « le titre vingt fois répété de tous les paragraphes » ; que « les régiments de la troisième brigade d’artillerie étaient chargés d’essayer pendant leur séjour au camp de Châlons en juillet et août 1894 ce projet de règlement » ;

Qu’il était « entre les mains des officiers » ; et que, si l’on suppose la présence au camp de Châlons d’un officier « en quête de documents à livrer », il a pu, même n’appartenant pas à l’artillerie, l’avoir « pendant le temps nécessaire pour y copier la partie réellement intéressante, c’est-à-dire les formations de guerre » ;

Que sur ce point la commission des généraux experts conclut dans les termes suivants :

« On reconnaîtra que cette hypothèse prend un singulier caractère de probabilité si l’on veut bien remarquer que les trois nouveautés essayées au camp de Châlons en 1894, étaient le manuel de tir, le canon de 120 court (le canon de 120 long a été aussi tiré avec son frein hydraulique) et le projet de règlement sur les batteries attelées, nouveautés qui se trouveraient ainsi faire justement l’objet des trois notes du bordereau se rapportant à l’artillerie » ;

Or, attendu qu’au camp de Châlons où Dreyfus n’était pas en août 1894, était Esterhazy qui, d’après l’enquête de 1899, se tenait à l’affût d’informations relatives aux « choses de l’armée » et surtout à l’artillerie ;

Que précisément le journal La France militaire, dans ses numéros des 11 et 15 août, signalait à l’attention les expériences du camp de Châlons concernant les trois nouveautés dont parlent les généraux experts ; et que le même