Page:Joseph Reinach - Histoire de l’Affaire Dreyfus, Eugène Fasquelle, 1908, Tome 6.djvu/560

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
550
HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


du texte, l’accusation, dont le bordereau était la base légale, est entièrement injustifiée ;

Et que l’on s’est trouvé dans l’impossibilité absolue d’indiquer d’une façon plausible, à quel mobile Dreyfus, riche et parvenu jeune à une situation brillante dans l’armée, aurait obéi pour commettre un si grand crime ;

Attendu, pourtant, que l’on a soulevé contre lui diverses accusations accessoires dont le conseil de guerre de Rennes n’était pas régulièrement saisi ;

Mais qu’il faut d’abord écarter celles dont l’inanité a été prouvée par la découverte de la minute du commandant Bayle (attribution de l’artillerie lourde aux armées) et par la falsification de la pièce 26 (organisation des chemins de fer) ;

Que l’on a accusé Dreyfus (pièces 76 à 82 du dossier secret), d’avoir, en 1889-90, quand il était à l’École de pyrotechnie de Bourges, livré, sur un papier pelure que l’on prétendait analogue à celui du bordereau, la copie d’une instruction relative au chargement des obus à mélinite ;

Mais attendu que, suivant l’expert Bertillon lui-même, l’écriture ne pouvait lui être attribuée ; que, pour le papier, aucune analogie n’existait ;

Et que cette instruction avait été élaborée à la section technique de la direction de l’artillerie où était employé aux archives Boutonnet, condamné pour espionnage à cinq années d’emprisonnement le 20 août 1890 ;

Attendu que l’on a aussi accusé Dreyfus (pièces 67 à 75) d’avoir révélé le secret de la fabrication de l’obus Robin qui était étudié à l’École de pyrotechnie de Bourges ;

Mais que rien dans la cause n’autorise de tels soupçons ;

Que le rapport des généraux experts déclare : « On ne cherchait pas à tenir secret le principe de cet obus ; car le bulletin n° 8 « Questions à l’étude », en date du 1er juillet 1888, bulletin non confidentiel qui était en permanence sur toutes les tables des bibliothèques de toutes les écoles d’artillerie, faisait connaître ce principe et donnait même