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CHAPITRE PREMIER

MERCIER

I

Le 3 décembre 1893, le général Mercier fut appelé au ministère de la Guerre par le nouveau président du Conseil, Casimir-Perier.

Des considérations exclusivement militaires avaient dicté ce choix. La carrière de Mercier avait été lente. Sorti le second de l’École polytechnique, il avait fait, sous Bazaine, la campagne du Mexique et celle de Metz. Général de brigade en 1884, directeur des services administratifs en 1888, divisionnaire en 1889, il venait d’être promu au commandement d’un corps d’armée. Il avait la réputation d’un officier intelligent, laborieux, réfléchi, ennemi des routines ; — peut-être, en véritable polytechnicien, trop enclin aux théories absolues, sur le papier. Les récentes manœuvres de l’Oise, où il avait eu l’avantage sur le général Billot, l’avaient désigné à l’attention. Marié à une Anglaise de religion protestante, bien qu’il fût lui-même catholique, il passait pour favorable aux idées libérales, et, sinon républicain, du moins affranchi de toute attache avec

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