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LA CHUTE DE MERCIER


d’une erreur judiciaire met au cœur des justes par l’intime certitude que la vérité éclaterait un jour. Sur cette page que la France croyait être la dernière, ils écrivaient : « La suite prochainement[1]. »

VII

Le remous même de la tempête, où avaient éclaté tant de fureurs insoupçonnées, alarmait le Gouvernement. L’incident allemand était l’œuvre de la presse. Le maintien de l’ambassadeur allemand à Paris avait été subordonné par l’Empereur au désaveu officiel des journalistes qui l’avaient diffamé. Il n’en eût pas voulu pour goujats d’écurie, mais il ne se résignait pas à leurs outrages. Faiblesse d’esprit qui semblait inexplicable aux politiques français, cuirassés contre l’injure ; mais grave avertissement pour l’avenir. L’habileté, l’autorité morale de Casimir-Perier avaient dissipé le nuage en une heure. Tant que les journaux s’acharneraient contre le condamné, de nouveaux périls pouvaient surgir de leurs imaginations et de leurs insultes.

Mercier avait senti passer le vent du glaive. Par la suite, il inventa toute une scène tragique, une nuit à l’Élysée où il serait resté pendant quatre heures, jusqu’après minuit, à attendre avec le Président de la République et Dupuy si la guerre ou la paix allait sortir des communications télégraphiques qui s’échangeaient entre l’Empereur allemand et le comte de Munster. Cependant, au ministère de la Guerre, Boisdeffre,

  1. Berliner Courrier du 6 janvier. De même la Kreuz-Zeitung, (Journal de la Croix), le Journal de Genève, le Times, etc.


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