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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


d’Henry, Picard, dit Lemercier-Picard, imitait avec beaucoup d’habileté son écriture[1]. Enfin, l’attaché allemand parle et écrit très correctement le français ; comment admettre qu’il ait écrit « Ce canaille de D… » ? Il sait, notamment, le genre du mot « canaille », puisqu’il écrit, le 3 janvier 1898, à Panizzardi : « Comment cette canaille d’Esterhazy pourra-t-il se tirer d’affaire[2] ? » Le mot canaille est du féminin, en allemand comme en français.

II

le « petit conseil » du 11 octobre 1894

Sur la première révélation de l’Affaire, le récit du président du Conseil Charles Dupuy est différent de ceux de Casimir-Perier, de Mercier et d’Hanotaux :

« Un jour du mois d’octobre, à l’issue du conseil des ministres, le général Mercier pria M. le Président de la République, le président du conseil et M. Hanotaux de rester un instant. Il nous communiqua le bordereau, avec indication de ses soupçons sur l’auteur de la pièce[3]. »

Entre le samedi 6 octobre, date où le nom de Dreyfus a été donné par Boisdeffre à Mercier, et le jeudi 11 octobre, date du « petit conseil des ministres », il n’y eut qu’un seul conseil des ministres à l’Élysée, le mardi 9 octobre.

C’est donc à cette date que se placerait l’entretien relaté par Dupuy.

Mais, d’une part, Hanotaux, dont les notes sont contemporaines des événements, n’en dit rien ; selon lui, au conseil du 9 octobre. Mercier se borna, sans indiquer

  1. Cass., I, 467, Trarieux.
  2. Procès Zola, II, 619, Casella.
  3. Cass., I, 657, Dupuy.