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HISTOIRE DE L’AFFAIRE DREYFUS


semaine, à la disposition de Mercier, puisqu’il fut chargé, le samedi 13 octobre, d’expertiser le bordereau et qu’il fit son rapport en quelques heures[1]. Mais Bertillon ne fut point désigné, ainsi que Dupuy l’indique, pour départager les autres experts : Gobert qui n’avait pas encore été chargé de sa mission, les trois autres dont il n’était pas encore question ! La version de Dupuy fortifie donc, par ses inexactitudes mêmes, le récit d’Hanotaux.

Les souvenirs de Guérin sont encore plus troubles[2]. Il place à la fin d’octobre la première communication de Mercier, c’est-à-dire après l’arrestation de Dreyfus ; il y raconte l’épreuve de la dictée. Il s’agit bien, cependant, du petit conseil du 11, puisque Guérin énumère, exactement, les ministres qui y assistèrent. Guérin, au contraire de Dupuy, convient qu’Hanotaux fit des objections, mais « qui ne furent pas de nature à arrêter Mercier ».

III

la réunion du 14 octobre au ministère de la guerre

Il est remarquable que Du Paty soit le seul[3] avec Cochefert[4], à parler de cette réunion où fut décidée l’arrestation de Dreyfus.

Mercier n’en a rien dit dans son témoignage, soit devant la Cour de cassation, soit à Rennes ; non plus Boisdeffre.

On comprend pourquoi Mercier a gardé le silence sur cette réunion. Le fait qu’elle fut tenue dans son cabinet détruit ce qu’il dit, à Rennes, que la décision d’arrêter

  1. Rennes, II, 322, Bertillon.
  2. Cass.. I, 288 et Rennes, I, 231, Guérin.
  3. Rennes. III, 506, Du Paty.
  4. Rennes, I, 583, et III, 520, Cochefert.