Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/15

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« glorieux. Il faut laisser quelque trace de son passage « et remplir sa mission. »

Presque dans le même temps, M. Molé soupconnait que cette tâche était plus avancée que M. de Fontanes ne le pensait.

« II y a dans votre tête, et peut-être dans vos papiers, » mandait-il à M. Joubert, « un volume composé d’un bout à l’autre des pensées les plus rares, des « vues les plus ingénieuses et les plus étendues, exprimées dans les tours les plus heureux. J’ai juré de l’en « faire sortir : ce sera le meilleur de mes ouvrages, et il « aura pour moi le mérite de satisfaire à la fois mon « cœur et mon esprit. C’est dans le sens le plus littéral « que je le dis : je répondrais de tirer des papiers de la « malle le plus excellent et le plus goûté des volumes. »

Quel était donc cet homme que les plus beaux esprits de son siècle entouraient d’une affection si vive, d’une admiration si désintéressée ? N’avait-il, en effet, laissé sur la terre que les vestiges inaperçus d’un talent ignoré ? Confident inactif des travaux de ses amis, était-il destiné à ne vivre, dans la mémoire du monde, que par les souvenirs échappés à leur plume ? Ou bien la malle mystérieuse dont parlait M. Molé devait-elle laisser échapper un jour les trésors devinés par cette jeune et noble intelligence ?

Le livre que je publie répond à ces questions.

Cependant, quand une œuvre pareille est jetée dans le domaine littéraire, le public a le besoin et le droit d’en savoir l’histoire, d’en connaître l’auteur. C’est donc un devoir de dire ici la vie et les travaux de M. Jouhert. Malheureusement ce récit, qui demanderait une plume