Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/161

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d’école. Si, lorsque la proposition en frappe l’oreille, l’idée d’une chose, d’une existence qui n’a jamais frappé les sens, naît aussitôt dans notre esprit, y éclot et s’y développe, on peut dire, on doit penser que c’est là une idée innée, ou dont le germe était en nous, à peu près comme on suppose que le feu est dans les veines du caillou. En considérant ces notions comme des germes que nous portons dans notre esprit, et que certains traits de lumière y font éclore, on s’entend et l’on devient plus clair. Ces idées innées ne sont point indestructibles en nous. Elles peuvent, au contraire, être très-aisément défigurées, dénaturées, altérées, déplacées. Quoique éternel, tout cela est mobile et se chasse aisément, comme tout ce qui est germe.

On ne peut concevoir aucun objet, sans au préalable la possibilité ; aucun individu, sans au préalable une nature ; aucune existence, sans au préalable une existence ; rien enfin d’individuel, sans une idée universelle. L’idée universelle est le lieu indispensable à chaque chose pour se placer dans notre esprit. C’est comme une idée première qui nous vient de