Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/382

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L’idée de la perfection est plus nécessaire aux hommes que les modèles, je ne veux pas dire seulement dans les arts, mais aussi dans les mœurs.

Il faudrait qu’il y eût, pour le peuple, une histoire secrète des bienfaits des rois, et, pour ceux-ci, une histoire secrète des justes châtiments que les peuples ont quelquefois infligés aux rois. Les rois ne devraient lire que celle-ci, et les peuples que celle-là.

Jamais les hommes, même malgré d’immenses bienfaits, n’aiment invariablement ceux qui les dépravent.

Le peuple hait ses vices dans les grands ; mais il aime dans les rois une bonté qui ressemble à la sienne. C’est que la sienne est la meilleure, comme ses vices sont les pires.

On veut que le pauvre soit sans défauts ;