Page:Joubert - Pensées 1850 t1.djvu/441

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en l’air. On entend, dans tous nos discours, une voix qui s’enfle et qui se perd.

Le style de la plupart des écrivains du jour est bon pour les affaires et pour la controverse ; mais il ne va pas au delà. Il est civil, et non pas littéraire.

Je vois partout dans les livres la volonté, je n’y vois pas l’intelligence. -des idées ! Qui est-ce qui a des idées ? On a des approbations et des improbations ; l’esprit opère avec ses consentements ou ses refus ; il juge, mais il ne voit pas.

Nous avons trop l’habitude et trop la facilité des abstractions ; notre esprit se paie de mots qui, comme une espèce de papier monnaie, ont une valeur convenue, mais n’ont aucune solidité. Voilà pourquoi il y a si peu d’or dans notre style et dans nos livres.

Toutes les choses qui sont aisées à bien dire