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LES DÉCORÉS

autant de facilité qu’il brosse une figure, enlève un croquis et compose un ensemble décoratif, mais — lacune fâcheuse dans une instruction aussi soignée — a négligé d’apprendre à battre la grosse caisse.

Ce cumulard n’est pas « dans le train ».

Ayant beaucoup voyagé et énormément travaillé pour gagner le droit à l’existence, tantôt à Lausanne, en maniant le tire-ligne chez un constructeur, tantôt à Marseille, en taillant des oves et des gaudrons, tantôt en Égypte, en sculptant force ornements sur les façades des maisons, tantôt à Paris, en dessinant des modèles d’étoffes et de papiers peints, Grasset n’avait pas de temps à perdre. Il n’entra donc pas à l’école des Beaux-Arts qu’il connaît peu — de nom seulement — et il poussa de l’avant au petit bonheur, produisant avec fièvre, avec passion, avec l’âpre jouissance de ces artistes — rares, oh combien ! — dont la conviction est qu’on doit créer uniquement pour sa propre satisfaction, sans se préoccuper ni de