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LES DÉCORÉS

pables de lui rendre le moindre service. Une révoltée agaçante qui finira sur l’échafaud ou sur la paille humide des cachots, car le Gouvernement — Liberté, Egalité, Fraternité and C° — ne prise guère cette empêcheuse de danser en rond, et cherche cauteleusement l’occasion de la mettre à l’ombre, ne serait-ce que dans le but de préserver son teint de jolie femme. On est très galant dans la magistrature.

À la mort de Jules Vallès — le « patron » comme elle appelle l’immortel écrivain si bêtement méconnu par la génération actuelle — Séverine, en disciple respectueux et passionné, a continué l’œuvre du Réfractaire. Dès qu’elle eut conquis, en quelques années, une situation prépondérante dans la presse parisienne — et cela sans bassesse, sans lâcheté, sans concession, sans faillite de conscience — elle s’attela généreusement à la tâche, et pas un jour elle n’a déserté le champ de bataille. Dans ce siècle de tôle ondulée, dans ce siècle égoïste, implacable, hypocrite et lâche, elle est la voix qui