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LES DÉCORÉS

l’habituel menu de gargote du journalisme.

Aussi, les bons confrères — dont le betit gommerce est ébranlé — ne sont guère ravis de ce gênant voisinage. Pour la plupart, habitués à vernir les bottes d’un politicailleur, à vider les cuvettes d’un financier, à épiloguer sur les déliquescences d’un sport quelconque, à détailler les secrets d’alcôve d’une fille publique en vogue, à narrer les hilarantes péripéties d’un vaudeville, ou à mériter les largesses des fonds secrets, en collaborant aux malpropretés de la Police, ces messieurs esquissent un sourire plein de commisération dès qu’on prononce devant eux le nom de l’intrépide artiste. Ils déclarent qu’elle les ennuie, Séverine, avec ses jérémiades en faveur des miséreux ; plaisamment, ils lui conseillent de s’installer, en compagnie d’un caniche, sur le pont des Arts, et la traitent de Don Quichotte en jupons.

Don Quichotte ? peste ! un type qui n’a pas dû user beaucoup l’asphalte du boulevard,