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RENOIR ET RENOUARD

chant, au Luxembourg, un Whistler, un Besnard et un Carrière, s’empressa de commander une toile à l’impressionniste, afin de consacrer officiellement l’éclatante valeur du dédaigné d’autrefois.

Maintenant qu’elle est enfin venue, la gloire administrative, Renoir est-il heureux ? Mon Dieu, oui… et non. Le bonheur parfait n’existe pas sur terre ; à présent, ce sont ses cheveux gris qui le chagrinent. Oh ! il ne regrette pas les jours navrants de sa jeunesse, et sa robuste gaîté nargue la vieillesse à l’affût, mais… voilà : comme il n’emploie jamais de modèles de profession, il avait l’habitude d’accoster dans la rue, pour les emmener à son atelier, les ouvrières dont la fraîcheur et le type lui plaisaient. Ses allures rondes et un peu peuple, son cou tanné, son aspect de paveur, ses grosses mains, son dos rond, n’effrayaient pas, et l’affaire se concluait rapidement. Aujourd’hui — inexplicable anomalie ! — la respectabilité de sa chevelure le rend suspect, et