Page:Jourdain - Les Décorés, 1895.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
LES DÉCORÉS

mots les uns à côté des autres, en oubliant de placer une pensée sous ce travail de prisonnier, n’ont pas su museler leur exaspération en face de ce simple dépensant fastueusement son imagination dans les Brandes, les Névroses, l’Abîme et la Nature. Ces constipés ont tellement jappé, que Rollinat, ahuri, s’est sauvé de Paris et s’est enfoui dans un trou de la Creuse.

Loin du papotage boulevardier dont la méchanceté lâche l’épouvante encore plus que les feux follets de son Berri, il vit seul là-bas, au milieu de cultivateurs, avec un piano, des livres, des chiens, des pipes, un fusil et des lignes. Les jours de fête, il tient l’orgue à l’église et déjeune avec le curé, un excellent et charmant homme qui l’adore.

De plus en plus, il se désintéresse de notre vie si niaisement agitée, et la prise d’une belle truite le passionne autrement qu’un changement de ministère.

Si le cabaretier ou quelque lettré de son