Page:Journal (Lenéru, 1945).pdf/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
30
JOURNAL DE MARIE LENÉRU

des quantités d’histoires dans le petit livre de Daudet qu’a Tante. Tous ces contes sont ravissants. Ceux que j’aime le mieux sont : la Dernière classe, les Vieux et le Sous-préfet aux Champs.

Dans les Vieux, il semble qu’on voit ces deux vieilles gens, les deseriptions sont si bien faites ! Ensuite, nous avons joué à. un jeu stupide ; Carle et moi nous étions des rats et Fernande, Raminagrobis. De temps en temps, elle venait nous surprendre, alors c’étaient des cris et des hurlements formidables. On dit bien que quand on parle du loup, on en voit la queue : hier, pendant que nous jouions aux rats, Fernande entre dans le cabinet de toilette pour nous surprendre. Qu’est-ce qu’elle voit... une souris qui dormait bien tranquillement dans la cuvette. Après, pour nous reposer, j’ai proposé que nous fassions une assemblée vertueuse et nous l’avons organisée.

Naturellement, Car le n’a pas voulu en être. Le code de cette assemblée est dans le livre que maman m’a acheté pour faire des vers.

Que nous avons fait de choses depuis que je ne continue plus mon journal !

Brest, samedi 21 mai.

Pauvre journal ! voilà bientôt trois mois que je ne l’ai fait ! Depuis ce temps, que de choses se sont passées ! D’abord, nous avons quitté Montpellier. Ah ! Ce n’était pas gai ! Le pauvre Carle avait beau lutter contre le sommeil, il a été obligé d’aller se coucher, et plus tard, Fernande a fait de même. Je suis restée avec elle dans sa chambre,

M. Gachon est venu nous dire au revoir et nous sommes. allées voir madame Chivaud ; elle est énormément sourde. Tonton Lionel et tante Gabrielle sont venus nous conduire à la gare. Nous nous y sommes pesés dans la balance à deux sous ; je pèse 25 kg. 500.

En marge : Qui m’aurait dit, en sortant de chez elle, que je le deviendrais encore plus qu’elle !