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MARS-AVRIL 1895.

nète la plus rapprochée du soleil. À une distance de 14 millions de lieues seulement et opérant sa révolution autour de lui en quatre-vingt-huit jours, il a une orbite de beaucoup inférieure à celle de la terre. À son périhélie, il se rapproche à près de 11 millions de lieues. Il n’est jamais en retard de plus de deux heures sur le soleil, de sorte qu’aux jours mêmes où il est le plus éloigné il se perd dans la lumière du crépuscule et à la nuit il est trop bas pour être bien observé. Il est donc bien auprès du soleil couchant. Mais de même qu’il se perd dans le soleil à l’Occident, son mouvement rapide lui permet de précéder le soleil à l’Orient et il se montre ainsi tantôt astre du soir, tantôt astre du matin, mais toujours en quelque sorte associé au soleil. C’est cette poursuite après le soleil, ce caractère fuyant, insaisissable, et cette double manifestation qui expliquent les différentes appellations que les Chaldéens lui ont données :

Sanamma « le changeant » (ii, R. 49, no 3, 37) ;

Ṣarru « le rebelle », soit parce qu’il fuit, soit parce qu’il est rebelle à tout calcul (ii, R. 49, 35) ;

Kakkabu la minati « étoile incalculable » (K. 4195) ;

Našru « aigle » (K. 4195) ;

Lumnu « méchant », allusion à sa fuite, semblable à celle d’un malfaiteur (K. 4195) ;

Numea « l’absent » (ii, R. 49, 33) ;

Ḥabbatum « le voleur » (ii, R. 49, 36) ;

Ul nimma « étoile d’Élam », c’est-à-dire de l’Est ou Mercure matinal.