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JANVIER-FÉVRIER 1895.

Je suivrai la version pâlie du Jâtaka 514, en rapprochant constamment d’elle les autres versions, de manière à rendre sensibles les concordances et les différences.

1. — Les six défenses.

Qu’y a-t-il d’étonnant si, au temps où les bêtes et spécialement les éléphants parlaient[1], il y en eut un pourvu de six défenses ? Car c’est bien là le sens propre du mot Chaddanta. Mais le héros du Jâtaka 514 jouissait-il véritablement de ce privilége un peu encombrant, à ce qu’il semble ? Il paraît que la chose est douteuse.

Ce mot Chaddanta, qui est le titre et a l’air d’être le nom du héros du Jâtaka 514, ne se rencontre pas une seule fois dans les stances du « texte »[2]. Il est vrai qu’il y est largement remplacé par son synonyme Chabbisâna, dont l’équivalent sanscrit Ṣaḍvisâna se lit, avec Saddanta, au commencement du chapitre vi du Lalitavistara ; car c’est sous la forme d’un petit éléphant à six défenses que Siddhârtha entra dans le sein de Mâyâdevî[3] ? Mais Chabbisâna

  1. Babhûvur mânuṣâlâpâ : tasmim̃ kâle hi kuñjarâ : ॥ ॥ (Kalpa-dr.-av., fol. 236 vo, l. 4).
  2. Je la trouve bien dans le manuscrit singhalais de la Bibliothèque nationale à la stance 35 ; mais c’est évidemment une glose empruntée au Commentaire.
  3. Cette version paraît spéciale au Bouddhisme du Nord ; ni Sp. Hardy qui s’inspire des documents singhalais, ni Alabaster qui a traduit du siamois le Pathamasambodhi, ni Bigandel et Chester Bennett qui ont traduit du birman, l’un le Tathâgata-udâna, l’autre