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JANVIER-FÉVRIER 1895.

danta avait deux défenses qui brillaient de six couleurs variées. Sur quoi se fonde-t-il pour entendre ainsi le mot Chabbisâna ? Est-ce sur l’épithète uḷârâ (magnifiques) ? Peut-être. Cependant ce serait donner bien de l’importance à un simple qualificatif. Il doit y avoir quelque autre raison que nous indiquerons tout à l’heure.

La version sanscrite emploie couramment le mot Ṣaḍdanta sans l’expliquer et sans le donner comme nom propre. Quand elle parle des défenses, elle n’en dit pas le nombre, pas plus que ne le font le texte et le commentaire de la version pâlie. Il y a toutefois un passage douteux que nous citerons ultérieurement, où elle semble faire allusion à deux défenses.

Quant aux versions chinoises, elles aussi ne donnent pas de nom au héros du récit et ne disent pas le nombre de ses défenses, quand elles ont à en parler. Mais elles le désignent l’une et l’autre comme un éléphant à six défenses[1], expression qui se rencontre une seule fois dans chacune d’elles. Il n’est pas douteux qu’elles entendent par là un éléphant pourvu de six défenses, et le lecteur chinois ne peut pas comprendre autre chose. C’est bien certainement aussi ce qu’entend Hiouen-thsang dans le passage où il dit avoir vu le Stûpa élevé en l’honneur de l’éléphant à six défenses[2].

Parmi les 108 figures du Phra-bat (ou Çri-pada),

  1. Lou-ya-siang (1) — Lou-ya-tchi-siang (2).
  2. Voyage de Hiouen-thsang, trad. liv. VI, Stanislas Julien (t. I, p. 359).