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JANVIER-FÉVRIER 1895.

ginale, en suivant plutôt le récit sanscrit. L’éléphant dit au chasseur de prendre ses défenses, mais le chasseur refuse d’agir ainsi : il ne les recevra que de la main de l’éléphant ; s’il voulait les saisir sans qu’elles lui fussent offertes, sa main pourrirait à l’instant — trait emprunté au Kalpa-dr.-av., mais déplacé et que nous retrouverons plus loin. L’éléphant alors brise lui-même ses défenses contre un arbre — non contre un roc — faisant un pranidhâna comme dans le récit sanscrit, mais dont les termes sont reproduits : « Puisse-t-il, de même qu’il arrache ses défenses, extirper des êtres les trois dents venimeuses[1] ! » Après quoi, il livre ses défenses.

15. — Départ du chasseur et funérailles du Chaddanta.

Une fois muni de son butin, le chasseur part précipitamment, par le conseil même de Chaddanta, avant le retour des éléphants, pour ne pas tomber sous leurs pieds ; car ils l’auraient pulvérisé s’ils avaient pu le rejoindre. Dans le Kalpa-dr.-av., le Saddanta le couvre de sa poitrine pour le protéger et faciliter son départ. Les versions chinoises présentent aussi des différences : dans la première, c’est Subhadrâ qui s’intéresse surtout au sort du chasseur et facilite son départ, probablement à cause de la grande faiblesse du blessé ; dans la deuxième, le meurtrier est congédié par sa victime avec tant d’égards

  1. Ces trois dents sont les trois péchés de la pensée : dveṣa « haine », lobha « convoitise », moha « erreur ».