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journal de marie lenéru

ombrelle ! Je ne sens pas si je vois les choses ou si je m’en souviens.

Et c’est à moi que cette horreur est arrivée, à moi qui ne comprends la vie que dans une atmosphère de lumière vibrante…

Ma formule de bonheur est ceci : l’Italie, la musique, le cheval et l’amour. Encore envers le dernier point j’hésite et si je le fais entrer dans mon programme c’est en vertu de l’axiome : dans le doute ne pas s’abstenir. Mais certainement je le maintiens à la quatrième place. Il me semble des deux sortes d’amour, légitime et illégitime « que les honnêtes gens m’ennuient et que les autres me déplaisent ». Et c’est pourquoi je considère que le mariage d’argent relève d’une esthétique d’un ordre plus élevé que le mariage d’amour.

Je reconnais toutefois que dans ce grand besoin, le seul que j’éprouve, de mener une vie très supérieure, il y a bien la volonté très consciente et très avouée, d’avoir auprès des cœurs ce grand prestige de l’admiration.

Le seul besoin que j’éprouve !

Je suis désintéressé, disait Fiévée, comme tous ceux qui veulent tout prendre à la fois.

Ne pouvant aimer ce que je n’admire d’aucun côté, je ne compte qu’avec les amitiés qui recherchent, en moi, cela seul que j’estime ou estimerais en autrui.