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ANNÉE 1900

delà » ses enfants ? Des enfants distingués n’auront pas facilement une adoration enthousiaste pour la bonne mère à qui ils serviront de prétexte d’existence, qui vivra de leurs gilets de flanelle et de leurs potions, de leurs problèmes et de leurs commérages, de leurs 10 et de leurs nominations, de leurs examens et de leurs projets matrimoniaux.

Lisez, au contraire, les lettres d’Auguste de Staël après la mort de sa mère, disant combien leur vie de famille était tombée, plus une conversation, plus un intérêt.

Et comment les hommes ne sentent-ils pas que l’amour doit grandir avec la femme ? On dirait qu’ils vengent, sur la femme intelligente, les sottes qu’ils ont été contraints d’aimer.

Mais la remarque que je tenais à faire est celle-ci : la plupart de ces littérateurs, qui raisonnent sur le féminisme, ne sont pas des hommes du monde où l’homme et la femme se voient de plain-pied.

Les premières littératrices furent de grandes dames et cela ne gêna nullement leurs camarades de salon qui les encourageaient.

Quand Catherine II voulut commander sa flotte, elle s’informa si on ne la trouverait pas ridicule. Ces messieurs répondirent que cela dépendrait de la manière dont elle s’en tirerait.

Je sens dans l’opposition masculine au féminisme