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JOURNAL DE MARIE LENÉRU


16 mai.

Oh !… Est-ce que cela va durer longtemps comme ça ? Depuis mon retour du Trez Hir en octobre, quand j’arrivais bien décidée à me voir grandir tous les jours, plus de sept mois, et rien de prêt, rien d’à peu près bâclé !


17 mai.

Comment écrirais-je un roman, moi qui n’en ai jamais rêvé pour moi ? L’héroïne d’une idylle me sera toujours étrangère. Je n’arrive pas à travailler, j’éprouve un scrupule à sortir de moi-même, je devine qu’il s’y passe des choses plus intéressantes, plus graves, plus absorbantes.


19 mai.

Y voir ! Je mesure mes progrès à ma respiration, pour voir de combien elle est plus large… Et puis je me demande s’il y en a bien pour un an d’existence, car c’est avec toute ma vie que je paie mes yeux.