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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

mémoires et tous les poètes. Quelque chose d’anglais, d’allemand, de latin et d’italien.

Pratiquer beaucoup les délais fixes.

Ajourner mes achèvements, sans sursis.


Même jour.

Trois quarts d’heure de « spaciement » dans le jardin où il fait froid comme l’hiver. Sous les nuages épais, sans réverbération aucune, tout est net, incisé dans la lumière égale. De loin la grande allée, doublée de sombre, est comme la lisière d’une forêt.

Je fais la veillée d’armes de mes 25 ans et ne veux pas lire. Depuis hier j’ai un élan à mettre en deux jours ce que je n’ai pas mis dans mon année perdue.

Grande Sainte Catherine me voilà des vôtres… « À chercher ta part de femme tu n’aurais eu que des déceptions. » Est-ce que je le pressentais quand à dix ans j’organisais déjà mon célibat ? La vérité est que je n’y ai jamais réfléchi, mes préoccupations ont toujours été si différentes.

Aujourd’hui seulement je me demande si je dois le regretter. Amiel, assez dangereux comme tous les ratés, a dit : « Le meilleur chemin de la vie, c’est encore la voie régulière qui traverse à l’heure utile toutes les initiations… Les chemins de traverse tentent, par