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ANNÉE 1901

pas la pauvreté, la simplicité d’une grande maison. Les orphelines ont quêté dans du vermeil et les ornements sacerdotaux de toute splendeur.

Cérémonie à la Huysmans, une liturgie, une race, une héraldique abbatiale. L’Oratoire, à peine restauré pour les femmes, en est à l’heure d’élite des vocations de fondatrices, une aristocratie de secte. L’officiant, Jacques de Pitray, le petit-fils de la comtesse de Ségur, flanqué de deux franciscains, hauts, droits, élancés, moines, hommes du monde, qui ne baissent jamais les yeux et ne vous sourient jamais, a dit une messe lente de mouvement archaïque savamment reconstitué d’après Solesmes.

Ah ! tout ce qu’on fait noblement, gravement, supérieurement…

Les femmes, noires et blanches, dans leurs stalles, derrière la grille claire qui sépare, mais ne voile pas, n’avaient rien de moins fier, de moins sacerdotal. Elles étaient raides, sous « ce grand maintien religieux » qui leur est prescrit. Ne pas se pencher ni à droite ni à gauche, « c’est notre mortification » disait la Mère de Sales-Chappuis.

La supérieure est à la grille, à genoux, elle attend la communion. La face est là, toute proche, minée de recueillement, le voile tombe paisible, continué du manteau, les poings sont gantés du surplis, militaire au port d’armes en présence d’un chef. Les