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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

gnent d’une activité mentale supérieure à celle de l’état conscient. Alors, qu’est-ce que la conscience et la personnalité ? Rien que la cohésion des deux vies. Dans le « retour à soi » cela est pris sur le fait.

Être : sentir son corps et sa pensée le plus simultanément possible. Une rencontre électrique de l’âme et du corps, voilà pourquoi notre présent est si court, nos instants infinitésimaux, nous n’existons que par étincelles.

Donc nos atomes pensants et vivants peuvent être immortels, mais ne donnent pas à la conscience une garantie de survie.


Juin 1901. Brutul, mardi.

M’entêter à ne pas estimer, à ne compter pour rien, la jouissance négative d’une guérison, est-ce bien nécessaire ? Mon horreur, ma défiance, mon insoumission au bonheur relatif « par comparaison » n’est-elle pas une exagération ? Y a-t-il seulement autre chose ? Un bonheur en soi ? C’est une définition élémentaire que nous ne sentons que par contraste.

N’importe, avec ce système, un voyou qui mange est heureux. Il faut, pour se venger, un bonheur aussi éloigné des gens heureux que le malheur.