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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

L’ennui, c’est l’état de grâce du scepticisme.

Je ne choisis absolument pas mes lectures. Il n’y a jamais qu’un livre que je puisse lire à un moment donné, et celui-là décide de l’autre. Ne lisez pas si vous avez besoin de « programmes » et de « méthodes » et si vous ne comprenez pas à quel point lecture oblige.

On dira de Loti ce qu’on voudra, mais quand je ne peux plus supporter une phrase de littérature, je le lis encore.

Il n’y a que la vie physique : avoir remué sous tous les ciels. Au fond, dans la forme même des plus intellectuelles élucubrations, il n’y a que son apothéose.

Contemplation, action ? Il n’y a pas d’essentielle différence. Il faut seulement savoir si on veut la vie au premier ou au second degré.

Qu’est-ce que j’inventerai pour me consoler de la marine ? « Rentrer à bord » le canot du soir, habiter les Océans, dormir sur rade… Avez-vous jamais regardé l’horizon comme un lieu où l’on « rentre » ? Nostalgie prédominante cette fois-ci en lisant Loti, ce retour au large, ce frisson d’échappée, d’isolement sauf en regagnant son mouillage..


Samedi 20.

J’ai beau être un peu comme Mme de Sévigné « toujours de l’avis du dernier qui a parlé », je crois