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JOURNAL DE MARIE LENÉRU


2 septembre.

Je suis nerveuse et tourmentée sans une minute de répit. N’avoir encore rien fait pour moi ! Je ne jouis de rien, ni ne désire aucune joie. Je n’éprouverai aucun bien-être extérieur, tant que je n’aurai pas vidé ces questions intimes.

Faire quelque chose qui me vaille. Et je le fais quand je travaille, mais je remets toujours les achèvements, l’acceptation finale.

Je ne veux plus lire de ma vie. Je me suicide de lectures.

Au bout de la plage la falaise forme une arche étroite. D’en haut, du chemin des douaniers, c’était étrange de voir la mer passer, gros chat blanc par sa chatière.


7 septembre.

Certes je n’aurai pas l’incrédulité apostolique. Ce qu’ils comprennent ! C’est toujours l’argument facile, de nature plus basse, qui les émeut et qui les gêne.

Un effort physique, intellectuel, moral, quel est l’homme, la femme surtout, capable de les fournir, qui désire même les fournir ?

Je peux à peine me faire croire en disant que les