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ANNÉE 1901

sciences occultes m’intéressent moins que les autres. Aucune méfiance obtuse à leur égard ! Mais les « phénomènes occultes » d’ailleurs assez monotones, ne m’amusent pas plus que les chimiques. Ils m’étonnent même moins, car j’aurais pu les imaginer.

Un fait est bien peu de chose par rapport à nous, aussi extraordinaire que vous le vouliez. C’est le commentaire, l’effort humain pour le saisir, l’hypothèse, la méthode, qui lui donne vraiment du prolongement et qui nous intéresse.

Eh bien ! les sciences occultes n’ont pas eu leur homme de génie, elles n’ont pas plus accru l’effort que le rêve humain. Elles ont moins enrichi notre imagination qu’un pas de l’astronomie ou de la géologie. Elles n’ont rien découvert.

Je suis à des lieues de l’anti-mysticisme, je serais même ennuyée qu’il n’y eût rien d’inconnaissable, mais ma conception du mystère est bien trop haute et générale pour que je me croie plus proche de lui à un moment donné qu’à un autre. Le mystère est partout et non pas ici et là. La science ne part pas d’ailleurs pour aller « s’y heurter ». Elle sait depuis longtemps ce qu’elle ne comprendra jamais, elle est même seule à le savoir. Vous ne pouvez pas changer au mystère la place qu’elle lui a assignée, vous ne pouvez même pas lui fournir un nouveau postulat. La science, agenouillée devant le mystère, sous les espèces sa-