Page:Journal de Marie Lenéru.djvu/259

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
195
ANNÉE 1902


6 décembre.

En rentrant à Paris il faut se précipiter rue des Tuileries et sur les quais, respirer de l’air historique. Les capitales nous donnent le besoin des architectures glorieuses. La place de la Concorde et le pont Alexandre m’enchantent comme une forêt, une ligne de côte. Ah ! les villes, les villes qui sont des personnes centenaires, les villes plus vieilles et plus nobles que la campagne, les villes aux beaux noms qui siègent par toute la terre…

À Paris, quand je n’ai pas vu la Seine et les ponts, ou cet adorable Carrousel où les rois de France ont mis chez eux, dans leur cour, le ciel, les nuages et la couleur du temps, il y a des jours où du pavillon de Marsan on voit dans de l’air bleu le pavillon de Flore, il me semble, comme au Trez-Hir quand je ne suis pas allée sur la plage, que je ne suis pas sortie.


Dimanche 13.

Une lettre de Marie qui soulève la question du mariage. Elle s’impatiente de ce qu’on ne veuille pas la laisser en paix. Elle me dit que certainement le mariage est une vocation normale, mais que le