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JOURNAL DE MARIE LENÉRU

il suffit d’avancer car tout communique, et le passage d’un point à un autre, comme dans le mystère du mouvement, est tellement insensible et déjà impliqué, qu’il n’y a lieu de s’étonner de rien.

Et pourtant je me réveille dans le cauchemar comme à une sonnerie du désespoir. Faut-il être saturée pour se désespérer par machinisme !

Quel que puisse être l’avenir, maintenant que j’ai vécu une vie, et cela est irréparable.

Existe-t-il le bonheur qui me ferait pardonner cela ?

Vivre comme s’il vous attendait.


20 décembre.

Ce n’est pas le bonheur qui m’a le plus manqué : c’est la distraction. Si je pouvais vivre avec les autres, ils m’ennuieraient peut-être, mais ils me distrairaient.

C’est dans les infiniment petits qu’il faut juger les autres, parce qu’ils ne se défient pas. Je livre deux symptômes indicateurs comme le pouce et l’oreille dans l’anthropométrie.

Étudiez la sincérité dans la manière de lire l’heure. Une personne en retard verra cinq minutes de moins, pressée cinq minutes de plus.

Pour la bienveillance, l’inconsciente sympathie ou