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ANNÉES 1914-1915

campagne d’opinion, menée par tous les moyens dont elle dispose : presse, livre, théâtre, et non par les à-côtés des congrès et des comités, que l’on amènera des résultats. C’est toujours la même loi du succès et la même erreur commise en littérature : Vous voulez arriver ? Ne fondez rien à côté, ni petite revue, ni petit théâtre, emparez-vous de ce qui est, des vraies forteresses de l’opinion publique. Un seul homme capable de s’imposer dans un quotidien populaire ferait plus que des milliers de congressistes. Les pacifistes, qui ne seront que pacifistes, feront peu de choses, de même les femmes qui ne seront que féministes. Soyez des forces ou captez des forces. Je persiste à croire que, par l’influence sociale, les femmes peuvent bien plus que par un vote unique qui serait dévolu à chacune. Ce n’est pas son vote personnel qui fait l’autorité politique d’un homme mais, comme dirait Saint-Simon, l’influence de son « intrinsèque ». Le vote viendra certainement et je ne m’en plaindrai pas, mais ce n’est pas en ressassant leurs revendications que les femmes atteindront le niveau des hommes distingués. Les faibles devraient éviter de se spécialiser : en leur faiblesse.

Je reçois des journaux et des revues de sourds-muets qui m’impatientent au lieu de m’émouvoir. On dirait qu’ils ne peuvent avoir aucune préoccupation d’homme normal, rien que des préoccupa-