Page:Journal de l’agriculture, du commerce et des finances - septembre 1765 - T2 - Part 1.djvu/62

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s’apperçoit pas qu’il est lui-même en contradiction avec lui-même. Qu’il reconnoisse donc ses extravagances ; qu’il apprenne à faire bon usage

    blissent les uns les autres, & qui préſentent des intérêts & des attraits oppoſés, que la raiſon plus ou moins éclairée, & plus ou moins préoccupée examine & apprécie. Cet état de délibération conſiſte dans pluſieurs actes de l’exercice de la liberté, plus ou moins ſoutenus par l’attention de l’eſprit. Mais pour avoir une idée encore plus exacte de la liberté, il ne faut pas confondre ſon état de délibération avec l’acte déciſif de la volonté, qui eſt un acte ſimple, définitif, plus ou moins précipité, qui fait ceſſer tout exercice de la liberté, & qui n’eſt point un acte de la liberté, mais ſeulement une détermination abſolue de la volonté, plus ou moins préparée pour le choix par l’exercice de la liberté.

    D’après ces obſervations familieres à tout homme un peu attentif à l’uſage de ſes penſées, on peut demander à ceux qui nient la liberté, s’ils ſont bien aſſurés de n’avoir jamais délibéré ? S’ils avouoient qu’ils ont délibéré, on leur demanderoit pourquoi ils ont délibéré ? Et s’ils avouent que c’étoit pour choiſir, ils reconnoitront l’exercice d’une faculté intellectuelle entre les motifs & la déciſion. Alors on ſera d’accord de part & d’autre ſur la réalité de cette faculté ; & il deviendra inutile de diſputer ſur le nom.

    Mais ne réuniſſons pas ſous ce nom des conditions contradictoires, telles que la condition de pouvoir également acquieſcer à tous les motifs ac-