Page:Journal de voyage d'un Troyen en Extrême-Orient et autour du monde.djvu/58

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j’y accompagne mon ami Paul et Mad en voiture. Je monte avec eux et nous attendons que la cloche du départ invite les accompagnants à se retirer. Je fais mes adieux à tous les passagers avec lesquels je me suis lié, puis je reviens près de Paul et Mad.

— Ça ne vous fait pas venir la larme à l’œil ? me dit Mme B…

— Pas encore, mais peut-être tout à l’heure !

Et je sens qu’il faut que je fasse un effort très violent pour attendre ce tout à l’heure. Mais la cloche sonne, j’embrasse Mad et Paul à qui je vois aussi la larme sourdre à l’œil, il me fait encore deux ou trois recommandations, me resserre les mains avec force et je me sauve en courant sur le quai. Le pont-volant est enlevé et le bateau commence à exécuter un mouvement tournant sur lui-même pour prendre sa nouvelle direction. Cela dure encore de longues minutes ; de temps en temps Paul et Mad agitent la main, je fais de même, tout en éprouvant un véritable serrement de cœur. Pour un peu, je sauterais à la mer pour rejoindre le bateau avant qu’il n’ait pris son élan en emportant mes amis. Le Melbourne commence à se détacher du bord et à s’éloigner rapidement, alors nous tirons nos mouchoirs et tant que nous pouvons nous apercevoir, nous nous