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avec celles de nos vieilles coutumes, pour tirer de ce mélange, le droit des sociétés modernes. Cette méthode, bonne à une autre époque, serait funeste aujourd’hui. Tout le monde en convient, et c’est poiu" cela qu’il y a de nos jours un mouvement général des esprits pour introduire dans l’étude et la confection de nos lois des éléments nouveaux. Dans ce mouvement, M. de Saint-Joseph joue un rôle considérable, et nul n’est plus que lui destiné à le favoriser : il s’est rendu un compte exact de la société actuelle, des diiférences qui la séparent de la société contemporaine du Code civil, et surtout des causes de ces différences ; puis il a conclu très-judicieusement que rien n’était plus nécessaire à quiconque se propose la réforme d’une loi ou même son application que l’étude et la comparaison des législations étrangères. C’est dans cette pensée qu’il a déjà enrichi la science de ses Concordances des Codes civils et de commerce français et étrangers, travaux justement estimés et qui ont pris place dans toutes les bibliothèques des jurisconsultes ; c’est sous l’influence des mêmes idées, qu’il vient de publier ses Concordances des lois hypothécaires. Dans cet ouvrage, M. de Saint-Joseph a réuni la législation hypothécaire de 57 États différents, et il a observé et signalé leurs effets dans une savante introduction. Par ce moyen, il a pu montrer ce qu’il était bon d’em[)runter aux uns et aux autres, et les conclusions ont été prises avec une rassurante maturité. Mais en recueillant les avantages de sa méthode, il n’a pu échapper entièrement à ses inconvénients, à ses dangers. Lorsqu’on se trouve en présence d’une grande variété de faits et d’opinions, les meilleurs esprits sont parfois indécis, et se laissent aller à choisir des milieux plus ou moins justes, à conseiller des demi-mesures. C’est ainsi que l’auteur hésite à adopter le système de la publicité et de la spécialité des hypothèques, ou du moins ses vues à ce sujet nous paraissent soulever de graves objections. Son projet de réforme hypothécaire n’en est pas moins bien préférable au système du Code civil. Si nos vues ne sont pas toujours d’accord avec celles de M. de Saint-Joseph, nous n’hésitons pas à reconnaître que son livre est l’œuvre d’un esprit très-distingué et nourri de fortes études. La méthode expérimentale, qui est celle de l’auteur, peiit rendre timide, mais elle préserve de bien des écueils. Elle a surtout l’avantage d’aider puissamment à l’alliance si désirable de l’économie domestique et du droit, chez les jurisconsultes modernes ; ce mérite, à lui seul, suffirait pour donner le plus grand prix à des travaux aussi utiles pour la théorie et la pratique que le sont les ouvrages de M. de Saint-Joseph. Loiseau, Avocat à la Cour d’appel.



CHRONIQUE.


Sommaire. — Proscription de l’économie politique. — Les journaux peu intelligents. — Organisation du collège de France jugée par la Revue nationale. — Les élections. — Dilemme de M. Lamennais aux ouvriers. — Mesures financières : octrois de luxe, — suppression de l’impôt du sel, — contribution sur les créances hypothécaires, — fusion des Banques. — Curieuses préoccupations du chef de l’Université, à l’endroit des tricornes des demi boites. — Il n’y a plus des salles d’asile, mais des écoles maternelles. — Grande reforme de M. Bethinont. — La fête du 4 mai et le Palais du peuple. — Les enfants de la patrie. — La crise et les émeutes. — Nouvelles du socialisme. — Remarquable déclaration d’une.Société d’ouvriers. — Symptômes de paix malgré la guerre. — Déficit dans le revenu en France et en Angleterre.


Notre numéro commence par la protestation de la Société d’économie politique contre l’inqualifiable décision que M. Carnot a fait signer au gouvernement provisoire, touchant la suppression de la chaire de M. Michel Cheva-