Page:Journal des économistes, 1874, SER3, T34, A9.djvu/16

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contre une certaine quantité de marchandise (A) au prix courant. Si, par exemple, au prix de (A) en (B), il ne garde que y unités de (B), et échange le surplus contre unités de (A), il pourra satisfaire une somme totale de besoins représentée par les deux surfaces , , somme qui peut être supérieure à la précédente. On est fondé à dire en principe qu’il opérera l’échange de manière à satisfaire la plus grande somme totale de besoins possible, et que, par conséquent, étant donné, est déterminé par la condition que l’ensemble des deux surfaces , soit maximum.

Quelle est cette condition ? Je répéterai ici ce que j’ai dit plus haut, savoir que, dans une communication de la nature de celle-ci, l’établissement des données économiques est l’opération essentielle, et que, quant au calcul de ces données, il n’y a pas lieu de s’y arrêter longuement. J’énoncerai donc tout de suite la condition cherchée de satisfaction maximum des besoins qui est que le rapport des intensités des derniers besoins satisfaits, ou des raretés, après l’échange, soit égal au prix. Je n’en ferai pas la démonstration rigoureuse, qui est une démonstration de calcul infinitésimal ; j’en ferai seulement une démonstration succincte qui, dans l’espèce, sera suffisante.

Soit (B) le blé et (A) l’avoine. Soit le prix de l’avoine en blé. Notre porteur peut échanger tout d’abord son dernier demi-litre de blé contre un premier litre d’avoine. Il renonce ainsi à une certaine surface de satisfaction de blé ; mais il se procure une certaine surface de satisfaction d’avoine. Si la surface de satisfaction qu’il se procure est plus grande que la surface de satisfaction à laquelle il renonce, ce premier échange partiel est avantageux. Il est possible qu’il y ait encore avantage pour lui à échanger 1, 2, 3… demi-litres de blé contre 1, 2, 3… litres d’avoine. Toutefois il est certain que les surfaces de satisfaction de blé auxquelles il renonce vont en augmentant au fur et à mesure qu’il diminue sa quantité de blé, tandis qu’au contraire les surfaces de satisfaction d’avoine qu’il se procure vont en diminuant au fur et à mesure qu’il augmente sa quantité d’avoine. Ainsi les échanges partiels sont de moins en moins avantageux ; à un moment donné, ils cesseraient même d’être avantageux pour devenir désavantageux ; et, à partir de ce moment, ils seraient de plus en plus désavantageux. On conçoit à la limite, entre un dernier échange partiel encore avantageux et un premier échange partiel déjà désavantageux, un échange, infiniment petit ou non, indifférent, avant ou après lequel il faudrait s’arrêter parce qu’alors aurait lieu la satisfaction maximum. Or, cet échange, infiniment petit ou non, indifférent serait celui pour lequel les surfaces partielles