Page:Journal des économistes, 1874, SER3, T34, A9.djvu/18

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et étant les prix courants ou d’équilibre, … étant les raretés des marchandises (A) et (B), ou les intensités des derniers besoins satisfaits de ces marchandises]après l’échange, chez les porteurs (1) (2) (3)… on a

Ce qu’on peut énoncer ainsi :

Les prix courants ou prix d’équilibre sont égaux aux rapports des raretés.

Soit autrement :

Les valeurs d’échange sont proportionnelles aux raretés.

C’était la théorie de feu mon père et mon maître que la rareté est la cause de la valeur d’échange. Il l’avait exposée dès 1831 dans son ouvrage intitulé : De la nature de la richesse et de l’origine de la valeur, et il la soutenait encore dans un Mémoire sur l’origine de la valeur d’échange qu’il lisait à cette place même en septembre 1849, et qui est inséré dans le recueil des travaux de l’Académie. Mon père définissait la rareté par la double condition de l’utilité et de la limitation dans la quantité. Or, je tiens à le constater : la rareté ainsi définie se confond rigoureusement avec la rareté telle que nous l’avons ici, c’est-à-dire avec l’intensité du dernier besoin satisfait. Il ne saurait, en effet, y avoir de dernier besoin satisfait s’il n’y avait pas de besoin, si la marchandise n’avait ni utilité d’extension, ni utilité d’intensité, si elle était inutile. Et l’intensité du dernier besoin satisfait serait nulle si la marchandise, ayant d’ailleurs une courbe d’utilité, existait en quantité supérieure à l’utilité d’extension, si elle était illimitée en quantité. Ma rareté est donc bien la même que la rareté de mon père. Il y a ceci de plus seulement qu’elle est conçue comme une grandeur mathématique, et que la valeur d’échange, non-seulement la suit et l’accompagne nécessairement, mais se mesure nécessairement sur elle. Or, s’il est mathématiquement démontré que la rareté et la valeur d’échange sont deux phénomènes concomitants et proportionnels, il est mathématiquement démontré que la rareté est la cause de la valeur d’échange.

La valeur d’échange est un fait relatif ; la rareté est un fait absolu. Si, des deux marchandises en présence (A) et (B), l’une devenait inutile, ou, tout en restant utile, devenait illimitée en quantité, elle ne serait plus rare et n’aurait plus de valeur d’échange. En ce cas, l’autre cesserait aussi d’avoir une valeur