Page:Journal des économistes, 1874, SER3, T34, A9.djvu/418

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l’équation de demande effective en fonction du prix, qui s’en déduit si aisément, et qui est si essentielle à la solution du problème de la détermination des prix d’équilibre. À vrai dire, je crains que nos deux théories ne soient, en dehors de ce point de contact, quelque peu divergentes. Mais c’est là une question que je n’ai pas à examiner pour le moment. Puisque vous voulez bien m’offrir un exemplaire de votre « Theory of Political Economy,» je vous prie très-instamment de me l’envoyer ; je vais vous envoyer moi-même les épreuves de mes Éléments d’économie politique pure où la Théorie mathématique de l’échange est exposée in-extenso. Après que nous aurons pris connaissance de nos doctrines respectives, nous pourrons, si vous le voulez, les discuter entre nous. Pour aujourd’hui, je dois surtout répondre à votre observation touchant la forme de mon mémoire. Cette, observation est l’ondée, et je suis prêt à y faire droit. J’espère seulement que vous me permettrez quelques observations de nature à mettre ma bonne foi hors de doute. Les deux seuls hommes des travaux antérieurs desquels je me sois aidé sont ceux que je me suis fait un devoir et un plaisir de citer dans mon mémoire : A.-A. Walras, mon père, et M. Cournot. Mon père est connu comme auteur d’un ouvrage intitulé De la nature de la richesse et de l’origine de la valeur, publié en 1831 ; et dans lequel la théorie qui fonde la valeur d’échange sur la double condition de l’utilité et de la limitation dans la quantité est aussi solidement établie qu’il est possible de le faire avec les seules ressources de la logique ordinaire. Au chapitre XVIII de cet ouvrage, mon père énonce et développe cette proposition que «l’économie politique est une science mathématique,» et il indique même l’analogie du rapport qu’il y a, d’une part, entre la vitesse, le temps et l’espace et de celui qu’il y a, d’autre part, entre la rareté, la quantité et l’utilité. Il est vrai qu’il ne songe qu’au mouvement uniforme ; mais, pour peu qu’on soit mathématicien, il suffit de passer de la considération du mouvement uniforme à celle du mouvement varié pour saisir immédiatement l’analogie des conditions mathématiques de l’échange avec les conditions mathématiques du mouvement. Quant à M. Cournot, ses Recherches sur les principes mathématiques de la théorie des richesses sont de 1838. Il explique dans sa préface, avec une netteté qui ne laisse rien à désirer, comment l’application des mathématiques à l’économie politique est une application du calcul des fonctions, et comment cette application a moins pour but de conduire à des calculs numériques que de permettre de discuter des relations entre grandeurs. J’ai songé dès le début de ma carrière d’économiste à faire l’application du calcul des fonctions indiqué par M. Cournot à la théorie de la valeur d’échange de mon père, qui m’a toujours paru la théorie vraie et définitive ; et tout homme qui prendra la peine d’examiner les choses de près reconnaîtra que c’est bien là le but auquel je suis arrivé. Je