Page:Journal oeconomique - avril-juin 1752.djvu/246

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ſe préparer des mets nourriſſans et d’un bon goût de la mouſſe qui croît chez lui, au lieu que nos pauvres meurent de faim dans les grandes diſettes de denrées, tandis que toutes nos forêts sont remplies de la même eſpéce de mouſſe. Le Finois appliqué à la pêche ſçait ſe préparer du pain & toutes ſortes de mets avec les langues marines, au lieu que dans nos Provinces où tous les rivages en fourmillent, nos pauvres ne croyent plus avoir aucune reſſource quand les vivres ordinaires leur manquent. Les François donnent au vin de Pontac la couleur la plus foncée par le moyen de leur mouſſe marine. La fumée de certains champignons garantit le Lappon & ſes troupeaux des légions de couſins et de taons qui l’environnent, et celle d’une autre eſpéce lui procure l’odeur qui flatte le plus ſon odorat.

Quand dans les contrées baſſes de quelques Provinces, la récolte du ſeigle avoit manqué une ſeule fois, j’ai vû avec l’affliction la plus vive le pauvre peuple mourir de miſere, ſans qu’il ait fait le moindre eſſai